Exterminations et littérature : les principes éthiques et esthétiques du témoignage, de Primo Levi à Varlam Chalamov
La littérature des exterminations conduit à reconsidérer le reste de la littérature : par son existence même, elle exerce une critique muette mais définitive contre le narcissisme et la complaisance des milieux littéraires médiatisés. Mieux, elle exerce une critique de fait sur l’ensemble de la tra...
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| Main Author: | |
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| Format: | Article |
| Language: | English |
| Published: |
Yuriy Fedkovych Chernivtsi National University
2025-08-01
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| Series: | Pitannâ Lìteraturoznavstva |
| Subjects: | |
| Online Access: | http://pytlit.chnu.edu.ua/article/view/337909 |
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| Summary: | La littérature des exterminations conduit à reconsidérer le reste de la littérature : par son existence même, elle exerce une critique muette mais définitive contre le narcissisme et la complaisance des milieux littéraires médiatisés. Mieux, elle exerce une critique de fait sur l’ensemble de la tradition littéraire moderne depuis la Renaissance. L’auteur n’est plus ce lettré obéissant à une vocation supérieure, cultivant son intériorité, consacrant sa vie à son art. Le lien romantique entre le Mal et la Beauté a été rompu par les témoignages artistiques des violences politiques de masse. Ils restaurent la dignité des victimes et s’opposent aussi aux complaisances d’une littérature vendeuse déshonorée par le pathos si cher aux bourreaux. La responsabilité éthique des artistes prend alors toute sa place pour s’opposer à la violence et rétablir la vérité. Les fonctions du témoignage, de la déposition à la commémoration, appellent un style dépouillé de tout esthétisme. Ainsi, dans le processus de création, les intuitions esthétiques ne sont pas seulement sous le contrôle éventuel et a posteriori de la rationalité pratique définitoire de l’éthique : elles en restent indissociables et il importe donc de récuser la fausse contradiction nietzschéenne entre éthique et esthétique. On retiendra alors que l’esthétique peut se lier avec la politique, mais lointainement, par la médiation de l’éthique. La violence politique aura cependant été l’événement déclencheur de la reconception critique d’un l’univers artistique qui suscite les « mondes » de nouvelles œuvres. Une même éthique de résistance inspire une gamme de solutions esthétiques inouïes, variées mais unies par des tonalités comparables. La question du mensonge se pose alors avec d’autant plus d’acuité qu’aucune violence politique de masse ne s’exerce sans être enveloppée de mensonge, tout à la fois moyen de dissimulation et régime d’oppression. Conscients que les formes littéraires traditionnelles et les habitudes convenues de la langue littéraire étaient devenus inadéquats, des auteurs comme Levi et Chalamov ont compris que le témoignage littéraire devait contribuer à élaborer la littérature de l’avenir.
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| ISSN: | 2306-2908 |