Mémoire d’immigrés et malemort : controverses autour du passé coolie chez les Chinois de Tahiti

En 1869, la guillotine fut utilisée pour la première fois dans la colonie française de Tahiti pour mettre à mort un des coolies travaillant sur la plantation de coton d’Atimaono. Chim Soo Kung était accusé d’avoir participé à une rixe sanglante entre clans rivaux. Le condamné était-il réellement cou...

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Main Author: Anne-Christine Trémon
Format: Article
Language:English
Published: UMR 5136- France, Amériques, Espagne – Sociétés, Pouvoirs, Acteurs (FRAMESPA) 2007-10-01
Series:Les Cahiers de Framespa
Online Access:https://journals.openedition.org/framespa/381
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Description
Summary:En 1869, la guillotine fut utilisée pour la première fois dans la colonie française de Tahiti pour mettre à mort un des coolies travaillant sur la plantation de coton d’Atimaono. Chim Soo Kung était accusé d’avoir participé à une rixe sanglante entre clans rivaux. Le condamné était-il réellement coupable ? Les archives de l’époque ne procurent guère d’éclaircissements sur cette affaire. Cet imbroglio historique alimente les divergences d’interprétations qui prévalent aujourd’hui au sein de la communauté chinoise. Pour beaucoup, Chim Soo Kung s’est sacrifié alors qu’il était innocent ; il est donc le symbole unificateur de la communauté, et le martyr grâce auquel les Chinois ont pu demeurer à Tahiti. Mais ils sont aussi nombreux à remettre en doute la réalité de son sacrifice. Ces divergences se retrouvent dans la question du statut à conférer à Chim Soo Kung. Ancêtre métaphorique, malemort déifié, anonyme qu’il vaudrait mieux oublier ? La question renvoie à un débat interne à la communauté quant à la manière de remémorer son passé, certains refusant d’être englobés dans une mémoire qui se voudrait collective et dans laquelle ils ne se reconnaissent pas. L’impossible patrimonialisation de Chim Soo Kung soulève la question de l’unité d’un groupe de descendants d’immigrés aux trajectoires diverses.
ISSN:1760-4761