Revendiquer en français la culture innue de Mashteuiatsh. L’autre récit sur la naissance de la confédération canadienne dans Kukum de Michel Jean

La fiction romanesque que Michel Jean développe depuis plus d’une dizaine d’années cherche à produire des brèches dans le discours canadien qui a longtemps idéalisé la naissance du pays dans une historiographie très patriotique. 'Kukum' peut être regardé comme générateur de fissures dans...

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Bibliographic Details
Main Author: François-Emmanuël Boucher
Format: Article
Language:deu
Published: Wydawnictwo Naukowe Uniwersytetu Pedagogicznego 2024-12-01
Series:Annales Universitatis Paedagogicae Cracoviensis. Studia Historicolitteraria
Subjects:
Online Access:https://studiahistoricolitteraria.uken.krakow.pl/article/view/11664
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Description
Summary:La fiction romanesque que Michel Jean développe depuis plus d’une dizaine d’années cherche à produire des brèches dans le discours canadien qui a longtemps idéalisé la naissance du pays dans une historiographie très patriotique. 'Kukum' peut être regardé comme générateur de fissures dans le récit de fondation qui ne tenait, somme toute, qu’en raison d’une forte dose d’aveuglement et d’une méconnaissance généralisée de la nature de l’acte colonial qui acquiert une autre signification dès qu’on focalise sur la question autochtone. Jean cherche à narrer les traumatismes oubliés de ceux qui ont été contraints à être civilisés et à se plier à un mode de vie qui n’était pas le leur. Il fait le récit de ceux qui ont été forcés à entrer de plein fouet, souvent sur la périoded’une seule génération, dans l’uniformité progressive de l’hégémonie culturelle des peuples conquérants. Paradoxe à souligner, qui est longuement commenté dans cet article, la tragédie des Innus de Mashteuiatsh qui est racontée dans 'Kukum' n’est pas narrée en innu-aimun, langue des ancêtres de Michel Jean, mais bien en français, langue du conquérant colonisateur. Michel Jean use de la langue de l’autre pour donner forme à la mémoire de ses ancêtres. Même s’il est justifiable d’y voir là un signe indéniable d’assimilation, c’est bel et bien en raison de la maîtrise de cette langue que cette tragédie devient soudainement audible au vaste nombre. Fait étonnant, l’usage du français ne semble pas entrer en contradiction avec le projet littéraire de Michel Jean, car ce dernier vise d’abord à faire voir un plus grand degré de complexité dans le récit sur les origines du Canada. Les statues se déboussolent, les socles s’érodent et ne laissent entrevoir à la lumière du jour que des catastrophes insoupçonnées, des « histoires d’horreur » comme le relate le narrateur de 'Kukum'.
ISSN:2081-1853
2300-5831