Quand les routes fermées de montagne racontent les territoires. L’exemple du Vercors : entre invisibilités, réappropriations et mises en valeur (XIXe -XXIe siècles)

Cet article propose de mesurer en quoi les routes fermées en montagne peuvent représenter une particularité en tant que friche, et constituer un outil pour l’analyse des territoires. Les logiques patrimoniales rattachées à ces routes fermées permettent également de mesurer la place du patrimoine rou...

Full description

Saved in:
Bibliographic Details
Main Author: Emma-Sophie Mouret
Format: Article
Language:English
Published: Institut de Géographie Alpine 2019-04-01
Series:Revue de Géographie Alpine
Subjects:
Online Access:https://journals.openedition.org/rga/5558
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!
_version_ 1841546803134070784
author Emma-Sophie Mouret
author_facet Emma-Sophie Mouret
author_sort Emma-Sophie Mouret
collection DOAJ
description Cet article propose de mesurer en quoi les routes fermées en montagne peuvent représenter une particularité en tant que friche, et constituer un outil pour l’analyse des territoires. Les logiques patrimoniales rattachées à ces routes fermées permettent également de mesurer la place du patrimoine routier dans la mémoire et les représentations des territoires alpins. Dans les Alpes, les routes de montagne sont des signes visibles de la politique de modernisation du réseau de voies de communication entreprise par les gouvernements successifs au XIXe siècle. Le massif du Vercors (Isère et Drôme) fut quadrillé par un réseau de routes carrossables à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. La plupart de ces routes sont réalisées pour acheminer les grumes de bois. Elles sont construites à flanc de falaise et deviennent rapidement des itinéraires d’excursions touristiques, ce qui entraine la structuration d’un système socio-économique associant de nombreux acteurs. Cette activité s’est diversifiée après la Seconde Guerre mondiale. Les décennies suivantes, les routes ont été le support de migrations quotidiennes de plus en plus nombreuses. À la fin des années 1970, les risques d’éboulements sont l’objet d’une considération accrue, dans un contexte où la nécessité d’accès rapide et fluide au plateau est grandissante. Certaines de ces routes furent ainsi fermées après des éboulements ou à la suite de la réalisation de sections plus rapides et sécurisées. Ces routes représentaient à leur construction la modernité. Leur fermeture signifie par la suite leur obsolescence. S’intéresser à ces dernières permet d’identifier dans le temps long, les stratégies de développement des territoires. Une fois la route fermée, cette dernière disparait des médias touristiques. Pour autant, elle est réappropriée par différents acteurs pour diverses activités. La friche ce n’est donc pas la route mais les établissements touristiques qui la jouxtaient, et qui ont dû fermer suite à l’abandon de cette même route. L’ensemble de ces éléments invitent à réfléchir à la patrimonialisation de ces routes fermées, qui sont rarement montrées aux visiteurs aux côtés des autres routes « remarquables ».
format Article
id doaj-art-62e95e975aac464eba47e205abc795f4
institution Kabale University
issn 0035-1121
1760-7426
language English
publishDate 2019-04-01
publisher Institut de Géographie Alpine
record_format Article
series Revue de Géographie Alpine
spelling doaj-art-62e95e975aac464eba47e205abc795f42025-01-10T15:54:10ZengInstitut de Géographie AlpineRevue de Géographie Alpine0035-11211760-74262019-04-01107110.4000/rga.5558Quand les routes fermées de montagne racontent les territoires. L’exemple du Vercors : entre invisibilités, réappropriations et mises en valeur (XIXe -XXIe siècles)Emma-Sophie MouretCet article propose de mesurer en quoi les routes fermées en montagne peuvent représenter une particularité en tant que friche, et constituer un outil pour l’analyse des territoires. Les logiques patrimoniales rattachées à ces routes fermées permettent également de mesurer la place du patrimoine routier dans la mémoire et les représentations des territoires alpins. Dans les Alpes, les routes de montagne sont des signes visibles de la politique de modernisation du réseau de voies de communication entreprise par les gouvernements successifs au XIXe siècle. Le massif du Vercors (Isère et Drôme) fut quadrillé par un réseau de routes carrossables à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. La plupart de ces routes sont réalisées pour acheminer les grumes de bois. Elles sont construites à flanc de falaise et deviennent rapidement des itinéraires d’excursions touristiques, ce qui entraine la structuration d’un système socio-économique associant de nombreux acteurs. Cette activité s’est diversifiée après la Seconde Guerre mondiale. Les décennies suivantes, les routes ont été le support de migrations quotidiennes de plus en plus nombreuses. À la fin des années 1970, les risques d’éboulements sont l’objet d’une considération accrue, dans un contexte où la nécessité d’accès rapide et fluide au plateau est grandissante. Certaines de ces routes furent ainsi fermées après des éboulements ou à la suite de la réalisation de sections plus rapides et sécurisées. Ces routes représentaient à leur construction la modernité. Leur fermeture signifie par la suite leur obsolescence. S’intéresser à ces dernières permet d’identifier dans le temps long, les stratégies de développement des territoires. Une fois la route fermée, cette dernière disparait des médias touristiques. Pour autant, elle est réappropriée par différents acteurs pour diverses activités. La friche ce n’est donc pas la route mais les établissements touristiques qui la jouxtaient, et qui ont dû fermer suite à l’abandon de cette même route. L’ensemble de ces éléments invitent à réfléchir à la patrimonialisation de ces routes fermées, qui sont rarement montrées aux visiteurs aux côtés des autres routes « remarquables ».https://journals.openedition.org/rga/5558montagneterritoirepatrimonialisationrisquesroutesfriche
spellingShingle Emma-Sophie Mouret
Quand les routes fermées de montagne racontent les territoires. L’exemple du Vercors : entre invisibilités, réappropriations et mises en valeur (XIXe -XXIe siècles)
Revue de Géographie Alpine
montagne
territoire
patrimonialisation
risques
routes
friche
title Quand les routes fermées de montagne racontent les territoires. L’exemple du Vercors : entre invisibilités, réappropriations et mises en valeur (XIXe -XXIe siècles)
title_full Quand les routes fermées de montagne racontent les territoires. L’exemple du Vercors : entre invisibilités, réappropriations et mises en valeur (XIXe -XXIe siècles)
title_fullStr Quand les routes fermées de montagne racontent les territoires. L’exemple du Vercors : entre invisibilités, réappropriations et mises en valeur (XIXe -XXIe siècles)
title_full_unstemmed Quand les routes fermées de montagne racontent les territoires. L’exemple du Vercors : entre invisibilités, réappropriations et mises en valeur (XIXe -XXIe siècles)
title_short Quand les routes fermées de montagne racontent les territoires. L’exemple du Vercors : entre invisibilités, réappropriations et mises en valeur (XIXe -XXIe siècles)
title_sort quand les routes fermees de montagne racontent les territoires l exemple du vercors entre invisibilites reappropriations et mises en valeur xixe xxie siecles
topic montagne
territoire
patrimonialisation
risques
routes
friche
url https://journals.openedition.org/rga/5558
work_keys_str_mv AT emmasophiemouret quandlesroutesfermeesdemontagneracontentlesterritoireslexempleduvercorsentreinvisibilitesreappropriationsetmisesenvaleurxixexxiesiecles